mercredi 5 décembre 2012

Philippe Jaroussky, "La Voix des Rêves"


En 2004, Philippe Jaroussky est lauréat des Victoires de la musique classique dans la catégorie "révélation artiste lyrique". Il est nommé à celle de 2005. En 2007, il est lauréat des Victoires de la musique classique dans la catégorie "artiste lyrique de l'année". Le 13 février 2008, jour de son trentième anniversaire, il remporte la victoire de la musique classique "meilleur enregistrement de l'année".

Contre-ténor remarquable, Philippe Jaroussky passionne depuis 10 ans les amateurs d'opéra avec sa voix de castrat. Il a décidé récemment de prendre une pause de 8 mois , mais a sorti avant un CD, DVD et Blue-RAY compilant ses plus grands titres et six inédits : "La Voix des Rêves". 

 


mardi 4 décembre 2012

Cecilia Bartoli, Sacrificium, Mission




Le précédent album de Cecilia Bartoli, "Sacrificium", raconte l'histoire des castrats dans toute sa complexité : sa beauté, son glamour, ses aspects controversés et sa cruauté.
"L'âge des castrats" a inspiré l'un des répertoires à la plus grande virtuosité écrit pour la voix humaine.
Pendant plus de deux cents ans, on ne put concevoir dans les métropoles musicales européennes de renoncer à la virtuosité des castrats, omniprésents — autrement dit d’hommes qui durant leur prime jeunesse, à la suite d’une opération, s’étaient vu dérober leur sexe et de ce fait leur identité, leur équilibre psychologique et toute possibilité de vie selon une voie bien tracée, l’intention étant de faire de ces enfants mutilés des instruments de musique d’une splendeur sans précédent.


Son nouvel album, "Mission", paru en septembre 2012,  fait couler beaucoup d'encre.
S'il compte de nombreux amateurs et admirateurs, il surprend aussi les puristes étonnés de constater encore et toujours les inventions d'un marketing " pervers "... Pourtant, en dehors de toute évaluation sur le contenu du coffret, reconnaissons la liberté et l'audace inventive de la diva romaine, toujours prête à endosser tous les rôles pour défendre (ou " vendre " diront les mauvaises langues...) la musique qui la passionne.


De ce point de vue, " Mission " marque les esprits, sa couverture surprenante attire l'attention... pour mieux nous conduire vers la sélection musicale... qui elle, est d'une indéniable séduction. Voici un album abouti et bénéfique dévoilant le génie d'un Steffani insoupçonné... véritable précurseur de Haendel.

La justesse stylistique, la générosité de la diva, son engagement à nous offrir la révélation d'un immense compositeur baroque... sont exceptionnels.



mercredi 28 novembre 2012

Café littéraire, et oui !


Allez, soyons audacieux, voire un peu "pompeux",
parlons de notre "café littéraire" qui a eu lieu
 le mercredi 28 novembre, à 20 h 30, à la médiathèque !...

Faisons d'abord notre "mea culpa"... Nous avons mal fait passer l'information ! Seules 4 personnes sont courageusement venues, les autres participants étant tous des bénévoles de la médiathèque...
Il a donc été décidé (il faut savoir corriger ses erreurs !) que pour notre prochain café littéraire, nous ferions passer une annonce dans la Presse locale, donnerions des "flyers" à nos abonnés pour qu'il y ait vraiment adhésion (ou refus), mais que plus de personnes soient informées.
En effet, c'est une occasion merveilleuse d'échanger nos coups de coeur, de donner envie (ou non !) de lire un livre, et de faire découvrir des auteurs.
Occasion donc de parler de ce qu'on a lu, aimé, autour d'un café (ou autre boisson !!!), de quelques gâteaux... Les langues se délient, le courage vient, on a lu des livres, et on parle d'eux. L'exercice est simple. Nous ne sommes pas critiques littéraires, nous sommes tous des lecteurs qui avons aimé un roman plus qu'un autre, et qui voulons le dire avec nos mots, nos sentiments, nos émotions.
Hier soir, bien qu'en petit nombre, ce furent de véritables échanges, et pour certains de jolies découvertes.

Nous avons entendu ainsi parler du livre "Les apparences", troisième roman de Gillian Flynn, thriller de presque 600 pages qu'Yves semble avoir dévoré mais dont il ne nous a évidemment pas dévoilé la fin !... L'histoire d'un couple apparemment idéal qui, brutalement, va voir sa vie totalement bouleversée. Quelque chose de grave est arrivé, et tout s'écroule le jour même de leur cinquième anniversaire de mariage...


Margaux a adoré un roman de Patrick Werber, "Vikings", qui parle de notre Normandie.

1944. Un commando SS explore les profondeurs des forêts à la recherche de la sépulture perdue de Rollon, le premier duc de Normandie. Mille ans après l'arrivée des Vikings en terre franque, quel trésor pousse les nazis à remuer ainsi ciel et terre ? Evidemment, en écoutant Margaux, je me suis dit qu'il fallait que je lise ce bouquin, encore un !!! 

Nous avons entendu parler d'un livre, lu par madame Daric, "L'âme du monde" de Frédéric Lenoir. Il s'agit d'un véritable coup de coeur, madame Daric ayant acheté le livre après l'avoir emprunté à la médiathèque. Il ne s'agit pas  vraiment d'un roman mais plutôt d'un conte philosophique. Frédéric Lenoir a une connaissance indéniable des différentes spiritualités du monde et tente à son tour de gagner cette gageure. Il le fait à la faveur d'un conte initiatique.

J'ai tellement été intéressée par ce que madame Daric nous avait dit que j'ai fait des recherches sur Frédéric Lenoir à mon retour... Evidemment je le connais, l'ai entendu, sa sagesse (très originale et... inhabituelle sur les plateaux de télévision...) m'avait déjà intéressée. J'ai lu qu'à la question que lui posait un journaliste sur le fait que la spiritualité serait devenue "tendance", il répondait : "Je ne crois pas que ce soit une mode. C'est dans la logique de l'évolution de nos sociétés. Tout homme se pose des questions sur le sens de sa vie, comment être heureux, quelles sont les valeurs essentielles... Ce sont des questions fondamentales, qui ont été longtemps captées par la religion. On allait donc chercher ses réponses dans la religion. Et devant la crise très forte du religieux en France, qui est le pays le plus athée d'Europe - on n'est plus qu'à 10% de pratique religieuse -, il est logique que ces questions continuent d'exister et qu'on les cherche ailleurs..."

Puis Yvon nous a parlé du roman de Jacques Duquesne "Le mal d'Algérie". c'est l'histoire d'un jeune professeur qui veut savoir comment son père, cultivateur, a combattu en Algérie. Et qui va de découverte en découverte. C'est aussi l'histoire d'un poste de soldats français presque isolé dans une zone montagneuse. Et c'est surtout l'occasion d'une réflexion sur la violence et le mal. Ce qui obsède Pascal Robert, quarante ans en 2000, est donc cette guerre d'Algérie que son père a vécue, ou plutôt subie en tant que jeune appelé. Mais ce dernier reste silencieux quand il s'agit de dire ses souffrances… et l'indicible. «Presque tous les enfants des anciens d'Algérie se sont heurtés au même silence», constate-t-il.



Patricia nous a parlé du roman basé sur un fait réél de Julie Otsuka "Certaines n'avaient jamais vu la mer"C'est un petit livre poignant, singulier qui raconte, à la première personne du pluriel - un "nous" qui vaut de nombreuses voix -, l'expérience de jeunes Japonaises envoyées à San Francisco, au début du XXe siècle, dans l'espoir d'une vie meilleure. Très jeunes - certaines sont mineures -, elles s'apprêtent à rejoindre un futur époux, japonais lui aussi, émigré de longue date, qu'elles n'ont pas choisi mais seulement vu en photo - des portraits qui "dataient de vingt ans." Elles viennent avec leur kimono, leur savoir-faire de cuisinière, de couturière, leur bon sens de paysanne, leur quant-à-soi pour les plus privilégiées ; elles viennent avec leur croyance (généralement bouddhiste), leur innocence, leur endurance, ce qui leur sera bien utile. Car au terme d'une traversée éprouvante de l'océan Pacifique, reléguées dans les cales du bateau et traitées comme du bétail, le contact avec celui pour qui elles ont tout abandonné rimera avec désillusions et douleur. 


Dans 14,  nous dit Lydie qui est une "amoureuse" de Michel Echenoz, de son style, Echenoz met en scène cinq jeunes issus d'un même village, mais de conditions sociales radicalement différentes, qui se retrouvent embarqués au sein du 93e régiment d'infanterie. Il y décrit avec concision, l'horreur imperceptible qui surplombe les personnages, dès les premières lignes du roman : "Comme le temps s'y prêtait à merveille et qu'on était samedi, journée que sa fonction lui permettait de chômer, Anthime est parti faire un tour à vélo après avoir déjeuné. Puis le tocsin retentit, sonnant la mobilisation." Ici, le protagoniste principal, c'est la guerre, du départ des soldats,  qui s'en vont la fleur au fusil, insouciants, incapables d'imaginer ce qui les attend aux tranchées, à la pluie des obus et à la peur.
"Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d’entre eux. Reste à savoir s’ils vont revenir. Quand. Et dans quel état...

Valérie a été séduite par le roman de Laurent Benigui, "Mon pire ennemi est sous mon chapeau". De prime abord, le titre l'avait amusée et elle avait décidé de savoir ce qui se cachait sous ce chapeau... 
Laurent Minkowski, la quarantaine, est un chercheur en génétique qui ne veut pas se reproduire, comme il est des chirurgiens qui ne supportent pas la viande ou des pharmaciens qui ne jurent que par la tisane. Depuis quelque temps, il est à cran. Le laboratoire privé où il travaillait l'a licencié, plus personne n'embauche dans le public, et son médecin traitant lui a découvert une forte hypertension artérielle. Bon, vous me direz qu'il y a des millions de gens comme lui dans notre pays. Mais le vrai problème de Laurent, c'est qu'il vit avec Juliette, de vingt ans sa cadette... Persuadé qu'il doit paraître rassurant en toutes circonstances, voire invulnérable, il se lance dans des larcins de proximité pour lui cacher qu'il est au chômage, mais son entrée maladroite et désordonnée dans la délinquance – bandit, c'est comme tout, ça s'apprend – va l'entraîner dans une dégringolade incontrôlée, aussi hilarante que périlleuse...
Juste une petite phrase pour donner le ton : "Je venais de vaporiser une grande partie de ses illusions (celles de Juliette). Du moins celles entretenues à mon égard. Pour les autres, je ne m'inquiétais pas. Sa confiance en la vie était telle qu'elle aurait planté un rosier grimpant au pied de la tour Eiffel."

Odile a eu un coup de coeur pour "Eux sur la photo" d'Hélène Gestern dont c'est le premier roman. 
Hélène Gestern  nous livre une magnifique réflexion sur le secret de famille et la mémoire particulière que fixe la photographie. Elle suggère que le dévoilement d’éléments inconnus, la résolution d’énigmes posées par le passé ne suffisent pas : ce qui compte, c’est la manière dont nous les comprenons et dont nous acceptons qu’ils modifient, ou pas, ce que nous sommes.
Tout commence par une petite annonce dans un journal comme une bouteille à la mer. Hélène cherche la vérité sur sa mère, morte lorsqu’elle avait trois ans. Ses indices : deux noms, et une photographie retrouvée dans des papiers de famille qui montre une jeune femme heureuse et insouciante, entourée de deux hommes qu’Hélène ne connaît pas. Une réponse arrive : Stéphane, un scientifique vivant en Angleterre, a reconnu son père. En suit toute une correspondance par mails et SMS...

Yvon nous a aussi parlé de l'Equation africaine de Yasmina Khadra qui l'a intéressé et touché à la fois.
Médecin à Francfort, Kurt Krausmann mène une existence ordinaire, limitée à ses allers-retours entre son cabinet de consultation et son appartement bourgeois. Jusqu'au drame familial qui va le précipiter dans le désespoir. Afin de l'aider à surmonter son chagrin, son meilleur ami, Hans, un riche homme d'affaires versé dans l'humanitaire, lui propose de l'emmener sur son voilier jusque dans les Comores, pour les besoins d'une bonne cause. Au large des côtes somaliennes, leur bateau est assailli par des pirates. Kurt et Hans sont enlevés puis transférés dans un campement clandestin. Dans leur geôle improvisée, se trouve déjà Bruno, un otage français que tout le monde semble avoir oublié, et qui tente péniblement de concilier sa passion pour le continent africain avec l'angoisse de sa captivité. Une détention à l'issue incertaine, des conditions de vie innommables, une promiscuité dangereuse avec des mercenaires sans pitié, c'est le début d'une descente aux enfers dont personne ne sortira indemne. Mais parce que le drame est propice aux revirements de situation, c'est aussi pour Kurt le début d'une grande histoire d'amour.
En nous offrant ce voyage saisissant de réalisme, qui nous transporte, de la Somalie au Soudan, dans une Afrique orientale aux multiples contradictions - tour à tour effrayante, irrationnelle, sage, fière, digne et infiniment courageuse -, Yasmina Khadra confirme une fois encore son immense talent de narrateur. Ce roman décrit la lente et irréversible transformation d'un Européen, dont les yeux vont, peu à peu, s'ouvrir à la réalité d'un monde jusqu'alors inconnu de lui. Un hymne à la grandeur d'un continent livré aux pires calamités.

Deux autre coups de coeur qui se trouvent déj
à dans notre blog :
Steve Tesich


"Karoo", de Steve Tesich

et


"Les lisières" d'Olivier Adam



Steve Tesich, Karoo

Ce roman a été achevé quelques jours à peine avant le décès à 54 ans, d'une crise cardiaque, de Steve Kesich.

Au début du livre, Saul Karoo, le personnage principal et narrateur des deux-tiers du livre, peut faire penser à une version années 90 de Ignatius J. Reilly (Ignatius J. Reilly est une sorte de Don Quichotte moderne - excentrique, idéaliste et créatif, quelquefois jusqu'à la désillusion. Dans l'avant-propos du livre, Walker Percy décrit Ignatius comme « un extraordinaire cochon, un Olivier Hardy fou, un Don Quichotte gras, un pervers Thomas D'Aquin tout ça en un ». Il dédaigne la modernité et particulièrement la culture pop. Le dédain deviendra son obsession.
En décalage complet sur ses contemporains, Saul Karoo est un homme vieillissant, vivant à New York mais travaillant à Hollywood, dans la réécriture de scénarios que leurs producteurs estiment trop faibles. Karoo est une légende dans le petit milieu des "script doctors", mais n'arrivera jamais à devenir un véritable scénariste.
Séparé de sa femme depuis de longues années, Karoo ne peut toutefois se résoudre à divorcer, et supporte de réguliers repas au cours desquels son ancienne épouse le met au pilori, égrenant ses nombreux défauts, et entre autres, son impossibilité à s'occuper de son seul fils, adopté. Karoo souffre en secret d'un mal inconnu : quelque soit la dose d'alcool qu'il ingère, il n'arrive jamais à être ivre, et doit jouer l'ébriété pour faire " bonne figure " dans les nombreuses soirées mondaines où il est invité (ce détail aura d'ailleurs inspiré à l'auteur le titre du livre : Karroo signifie " le pays de la soif " dans le dialecte de la tribu khoïkhoï, vivant en Afrique australe). Vivant au jour le jour dans un cynisme incroyable sa déchéance sociale, Karoo va pourtant voir sa vie radicalement basculer, lorsque l'un des producteurs qui le fait travailler lui propose de remonter le dernier film d'un monument du cinéma. Or le  film est parfait et il serait criminel de le toucher.
Mais... en regardant les rushs, Saul tombe sur une jeune actrice dont la voix lui est familière, inoubliable même.
Et, pour la première fois de sa vie, il va s'intéresser à quelqu'un, déclenchant en même temps une mécanique oedipienne infernale...
Steve Tesich traite de la faute et de la rédemption, de la chute et de la destinée...
Si Saul Karoo est souvent abject, il est aussi terriblement, honteusement humain...
Mordant, drolatique, fleur-bleue parfois, même dans l'amertume, Steve Tesich ne peut laisser indifférent et l'image qu'il donne à voir de l'Amérique est jubilatoire.

Ce roman est passionnant, et il faut prendre le temps de le lire, il vaut vraiment le détour !!!




vendredi 16 novembre 2012

Un peintre toulousain a choisi le Val de Saire...

Du 15 mai au 8 juin 2012, une exposition de tableaux d'un peintre originaire de Toulouse et installé depuis quelques années dans le Val de Saire, Bruno Larger.

« Expressionnisme et improvisation. » Bruno Larger définit ainsi sa peinture, laissant «à chacun la liberté d'imaginer et de ressentir». Et en admirant ses oeuvres souvent tournées, mais aussi parfois gorgées d'espoir en l'homme, on ressent des choses.

Peintre autodidacte depuis une trentaine d'années, Bruno Larger expose régulièrement. Originaire du sud-ouest de La France, il s'est installé il y a deux ans dans le Cotentin. ».
Dans chacune de ses expositions, l'artiste tente de transmettre un message grâce à une esthétique qui lui est propre et où transparaît son « intérêt pour le mouvement, les couleurs et la confrontation avec la matière ». Tornade pose la question du réchauffement climatique ; Béton armé illustre l'hiver qui s'empare de certaines villes. Et puis ces visages anguleux, ces silhouettes filiformes ne sont-ils pas le reflet du regard que nous portons sur le monde qui nous entoure ?...


Les prix littéraires 2012

Les prix littéraires 2012


Prix Goncourt 

Jérôme FERRARI pour Le Sermon sur la chute de Rome


Prix Renaudot 
Scholastique MUKASONGA pour Notre-Dame du Nil

Prix Médicis 
Emmanuelle PIREYRE pour Féerie générale

Prix Médicis étranger 
Avraham B. YEHOSHUA pour Rétrospective

Prix Fémina
Patrick DEVILLE pour Peste et choléra

Prix Fémina étranger
Julie OTSUKA pour Certaines n’avaient jamais vu la mer

Prix Interallié
Philippe DJIAN pour Oh !




Et le double champion 2012 est...


Joël DICKER pour La Vérité sur l’affaire Harry Quebert

à la fois 

Prix de l'Académie Française 
et
Prix Goncourt des lycéens


mardi 13 novembre 2012

Le prix Nobel de littérature 2012

STOCKHOLM (AFP) - Le romancier chinois Mo Yan a obtenu jeudi le prix Nobel de Littérature 2012, récompensé pour une oeuvre qui dépeint avec réalisme l'histoire mouvementée de son pays et l'attachement à son terroir de Chine orientale où il a grandi. Mo Yan, 57 ans, "avec un réalisme hallucinatoire, unit conte, histoire et le contemporain", a indiqué l'Académie suédoise pour expliquer son choix.
L'Académie suédoise a distingué aujourd'hui l'écrivain chinois Mo Yan, qui "avec un réalisme hallucinatoire, fusionne les légendes folkloriques, l'histoire et le contemporain".

Né en 1955 dans une famille de paysans pauvres à Gaomi, dans la province du Shandong, Mo Yan quitte l'école pour travailler aux champs dès la fin de ses études primaires. Il a longtemps vécu au coeur de la campagne chinoise, dont le souvenir nourrit son oeuvre. En 1979, il s'enrôle dans l'armée et commence à écrire en 1981. Il a publié plus de 80 romans, essais et nouvelles, parmi lesquels Le Clan du sorgho (1993), Les Treize pas(1995), Le Pays de l'alcool (2000), Beaux seins, belles fesses (2004) et La dure loi du Karma (2009). Très populaire dans son pays, il est considéré comme le plus grand écrivain chinois contemporain. "Son oeuvre parfois délirante utilise très malicieusement de multiples registres - la fable animalière, le fantastique, la pantomime ubuesque, la satire déguisée en comédie - pour s'attaquer aux deux grands tabous de son pays, le sexe et le pouvoir, un pays où il n'est pourtant pas censuré" note André Clavel dans L'Express.
"Mo Yan, en associant imagination et réalité, perspective historique et sociale, a créé un univers qui, par sa complexité, rappelle celui d'écrivains tels William Faulkner et Gabriel García Márquez, tout en s'ancrant dans la littérature ancienne chinoise et la tradition populaire du conte", ajoute l'Académie.
Mo Yan  succède au Suédois Tomas Tranströmer. C'est la première fois qu'un écrivain chinois remporte ce prix prestigieux. En 2000, un prix Nobel de Littérature avait récompensé Gao Xingjian, un écrivain d'origine chinoise naturalisé français en 1997.

Adèle, ADELE 21




Adèle 21 est le second album de cette chanteuse britannique. Avant la sortie de 21, elle disait : "Je suis très excitée, nerveuse, impatiente, anxieuse, mais vachement contente d'annoncer mon nouvel album ! (...) Il est différent de 19, il s'agit de la même chose mais sous un angle différent. Je vois les choses différemment maintenant, je suis plus patiente, plus honnête, plus tolérante et plus consciente de mes propres défauts, de mes habitudes et de mes principes." Adèle admet que 21 est inspiré d'une rupture, surtout pour la chanson "Someone like you" qui a été écrite après sa rupture avec son ancien copain.
Un tempérament trempé dans l’acier, une voix soul à damner la foule, un premier album impeccable, accessible (une soul torturée dans l’air du temps assortie d’une production léchée) tout en étant signé chez le plus prestigieux des labels indépendants, Rough Trade… Si elle n’a que 19 ans lors de ses débuts fracassants, Adele possède déjà l’aura des grandes chanteuses. 21, son second opus, ne saurait dire le contraire. Bien entourée (les maîtres du son Paul Epworth et Rick Rubin), et encore plus assurée, la jeune Anglaise assoit sa réputation avec un ensemble de morceaux destinés à tenir l’autoroute de la pop music en toute quiétude. Le rythmé « Rolling in the Deep », avec ses martèlements de pied, ses accents gospel et ses choristes vintage, ouvre donc en force 21.
Juste derrière, « Rumor Has It » préserve le punch de cet album dont on a du mal à croire qu’il repose sur les épaules d’une post adolescente passionnée de Billie Holiday. Il y a encore des démonstrations de soul rustique, volontiers relevée (« Set Fire To The Rain », « He won’t Go ») où Adele s’approche, petit à petit, d’une idole comme Dusty Springfield. Sans oublier ces relents country (« Don’t You Remember ») qui viennent intelligemment enrichir l’ensemble… Cerise sirupeuse sur le gâteau, des ballades certes habitées mais somme toute assez banales (« Take It All », « Someone Like You ») viennent conforter 21 dans son ambition (trop ?) fédératrice. 
Cependant, il s’agit bien d’un album réussi. Réussi parce qu’Adèle chante avec un aplomb qui ne peut laisser indifférent. Réussi parce que ses mélodies attendues et son instrumentation intemporelle font mouche. Réussi parce que ses textes sont savoureux, tricotant sur des thèmes plus qu’usés mais définitivement universels : l’amour fou mais éphémère, le mauvais petit ami, le grand chagrin d’amour, la revanche féminine,...

Françoise Hardy "L'Amour fou"

Un retour artistique majestueux bercé par un thème que Françoise Hardy affectionne particulièrement depuis ses débuts, celui de l’amour impossible, l’amour aussi passionné qu’autodestructeur, celui qui fait perdre la raison.

Le chant de toute une vie. Son hymne personnel à un amour déraisonné, où le bonheur et la douleur sont intimement mêlés. Encore et toujours, Françoise Hardy nous chante la même histoire. La sienne, sans doute, qui habite ses textes depuis son tout premier disque, sorti il y a cinquante ans, quasiment jour pour jour... 

Sur la petite ritournelle de Tous les garçons et 
les filles, une débutante de 18 ans demandait alors, curieusement grave en pleine euphorie yé-yé : « connaîtrai-je bientôt ce qu'est l'amour ? »... Depuis, elle l'a connu. Découvrant qu'il n'était pas, pour elle, empli de la sérénité rêvée.
C'est donc cela qu'elle nous dit ici, sans jamais s'en plaindre ni le regretter. Et là réside la puissance de son disque, point d'orgue — et, qui sait, point final ? — à cinq décennies d'une parfaite cohérence artistique. Ses dix nouvelles chansons portent le sceau de l'essentiel. Françoise Hardy s'y livre, sans faux-semblants ni concessions, quitte à effrayer de prime abord. Par sa mélancolie, ses accents tragiques, sa langueur et sa lenteur, l'album peut inquiéter, ne laissant entendre à l'auditeur de passage que sa noirceur. Disque solennel donc, plus classique que pop, avec son piano lancinant et ses cascades de cordes... A vrai dire, on aurait parfois aimé des arrangements plus modernes ou un tempo plus vivifiant. Mais dès qu'on y revient, qu'on y prête vraiment attention, L'Amour fou impose son rythme. A en devenir ensorcelant. D'abord, parce que dans ses ombres percent mille lumières vives ou tamisées qui donnent à la complexité du sentiment amoureux un infini relief. Ensuite, parce que si on ose l'écouter en face, ce sont aussi nos propres émois et nos propres échecs qu'on y entendra. (Télérama, 12 novembre 2012)
En 13 chansons, Françoise Hardy fait le bilan de toute une vie et tire sa révérence, une fois encore, en toute élégance...

Roger Marie, sublime aquarelliste et peintre remarquable.

Nous avons eu la joie de présenter une rétrospective des peintures de Roger Marie dont certaines avaient été exposées au Festival Ancres et Encres 2011. 
Nous avions été émerveillés par ces tableaux représentant St Vaast, La Hougue, Tatihou, les quais et les travailleurs de la mer, "figures" qu'il nous semble croiser encore en flânant sur les quais. 
Roger Marie est un peintre de « chez nous », qui fut professeur d’arts plastiques au lycée de Valognes. Il côtoya Marin Marie et bien d’autres peintres de la Marine. Il fut exposé au Musée de la Marine à Paris en 1963, et outre quantité d’autres expositions régionales, en fit une ultime à St Vaast en 1992. Nous voulions lui rendre hommage, et grâce à Antoinette, sa fille, notre souhait a vu le jour. 
Une affiche magnifique a été réalisée et se trouve encore en vente à la médiathèque. Cette exposition s'est tenue à la médiathèque du 31 juillet au 29 août. Elle eut un énorme succès et les splendides reproductions réalisées par Laurent Legendre ont été vendues en quantité.

Les oeuvres de Roger Marie exposées à la médiathèque de Saint-Vaast-la-Hougue
Connu pour ses aquarelles marine, le peintre Roger Marie, décédé en 2007 à Valognes, a laissé derrière lui de nombreuses oeuvres. Conservées par sa fille, Antoinette Marie, elles sont exposées à la médiathèque jusqu'au 29 août. «Mon père était professeur de dessin au lycée de Valognes et parallèlement peintre amateur. Il était reconnu par de grands artistes tels que Marin Marie avec lequel il a exposé. Il a également présenté ses oeuvres au musée de la Marine à Paris », explique Antoinette.
Antoinette Marie et Valérie

Des aquarelles aux encres, en passant par les huiles : environ 70 tableaux sont présentés à la médiathèque. « Ce sont principalement des peintures marines du Cotentin avec de nombreuses vues saint-vaastaises car c'était le lieu privilégié pour les vacances. Sa dernière exposition avait eu lieu en 1992 à la capitainerie », poursuit Antoinette. «Cette exposition est aussi un moyen de rendre hommage à mon père et à la région qu'il aimait. Mon but ultime est de pouvoir écrire un livre sur mon père et ses oeuvres picturales afin qu'il soit reconnu à sa juste valeur.» 
Ouest-France, mercredi 1er août 2012

Hélène Gestern, Eux sur la photo


Hélène ne connaît pas sa mère, morte alors qu'elle n'était qu'une enfant. D'elle on ne dit jamais rien. A 38 ans, elle se retrouve la fille d'un fantôme qu'elle aimerait comprendre. En débarrassant les affaires de ses parents, elle découvre une coupure de journal. Trois jeunes gens y posent. Deux hommes et une femme, sa mère. Elle lance alors une bouteille à la mer, une annonce dans un journal pour retrouver la famille de l'homme dont le nom est indiqué. Stéphane répond, il s'agit de son père, un homme qu'il a l'impression de ne pas connaitre.
Ensemble ils vont se lancer dans une enquête, pour revivre le passé de ces deux parents, plus de trente ans après les faits...

lundi 12 novembre 2012

Toni Morrison, Home


A 81 ans, Toni Morrison est la grande dame des lettres américaines. Prix Nobel de littérature en1993, elle est l’auteur de dix romans et le seul écrivain afro-américain à avoir été distingué par le jury suédois. Ses livres racontent l’histoire de sa communauté, qu’elle inscrit dans une quête universelle de liberté et de dignité. « Mon univers littéraire ne s’est pas rétréci parce que j’écris du point de vue d’une femme noire. Mon horizon s’est au contraire élargi », aime-t-elle rappeler. 
Pour le comité Nobel, Toni Morrison « reconstitue un aspect essentiel du vécu américain », « à travers ses romans dont les principales caractéristiques sont leur force visionnaire et leur lyrisme ».


Home, son nouvel ouvrage, poursuit et peaufine en 150 pages ce travail de concision charnelle et poétique à travers l'histoire de Frank Money et de sa soeur, prénommée Cee. Frank revient de la guerre de Corée. Brisé, fourbu, tout lui rappelle "un élément chargé de douleur". Le vétéran hanté par l'horreur de la violence se retrouve à Seattle, dans un hôpital psychiatrique qui ressemble à une prison, un mouroir. Dehors comme dedans, l'enfer est partout, la ségrégation raciale a monté d'un cran depuis qu'il est parti se battre comme tout bon Américain, et Frank doit fuir cette ville où l'on tue les vieillards à coups de tuyau avant de leur arracher les yeux. 
Apprenant que Cee sa petite soeur est en danger, il ira donc jusqu'à Lotus, son village natal en Géorgie, pour la sauver.
Mais si le titre de Toni Morrison, Home, laisse entendre un retour possible aux origines, Lotus n'est pas un lieu de paix et de réconciliation familiale mais "le pire endroit du monde, pire que n'importe quel champ de bataille".  
Tony Morrison situe son livre dans les années 1950, un temps de richesse et de prospérité pour l'Amérique blanche, et de misère absolue pour les Noirs. "White only" s'affiche partout dans le pays : transports, travail, meilleurs quartiers pour acheter un bon logement. On tue les Noirs puisqu'ils ne sont que des bêtes de somme. On les enterre vivants, comme dans le tout premier chapitre de "Home" qui relève du cauchemar. Franck et Cee ont assisté en cachette à un assassinat lorsqu'ils étaient enfants et Franck a mis sa main devant les yeux de sa petite soeur... Ils n'oublieront jamais cette scène d'apocalypse.

"Petit" roman (150 pages) qu'on serait tenté de qualifier de nouvelle si sa solide densité n'en faisait absolument un roman, un grand petit roman.
"Home" se lit d'un trait comme un texte simple et à la fois complexe, comme le sont les fables, écrites pour être lues et relues...











mercredi 24 octobre 2012

Caryl Ferey, Mapuche

Jana est Mapuche, fille d'un peuple indigène longtemps tiré à vue dans la pampa argentine. Rescapée de la crise financière de 2001-2002, elle vit maintenant seule à Buenos Aires. Elle a 28 ans, est sculptrice et estime ne plus rien devoir à quiconque.
Ruben Calderon est aussi un rescapé, un des rares subversifs ressorti vivant des geôles clandestines où sont morts son père et sa jeune soeur durant la dictature militaire.
Trente ans ont passé depuis le retour de la démocratie. Détective (politique) pour les "Mère de la Place de Mai", Ruben recherche toujours les enfants de disparus adoptés lors de la dictature militaire et leurs tortionnaires. Rien a priori ne devrait réunir Jana et Ruben, que tout sépare. Mais un cadavre est retrouvé dans le port de La Boca, celui d'un travesti, Luz, qui tapinait sur les docks avec Paula, la seule amie de Jana. Jana demande alors l'aide de Ruben pour  découvrir qui a bien pu s'en prendre à Paula. 

Henning Mankell, Les chaussures italiennes

Fredrik Welin vit seul, reclus sur une île de la Baltique. A soixante-six ans, sans femme ni amis, il a pour seul activité une baignade quotidienne dans un trou de glace. Il a parfois la visite de Janson qui lui amène le courrier... Rares sont les lettres qu'il reçoit. Fredrik s'est isolé du monde suite à un arrêt brutal de sa carrière professionnelle : il était médecin. Que s'est-il passé dans sa vie pour renoncer ainsi à tout contact avec autrui ? Un jour pourtant, sa vie va changer.
Harriet, son amour de jeunesse abandonnée quarante ans plus tôt, brise sa routine. Cette dernière est malade et elle exige qu'il tienne une promesse faite jadis, lui montrer un lac forestier. Fredrik renaît sans vraiment le savoir, et il n'est pas au bout de ses surprises... Un long cheminement l'amène à reconsidérer sa vie, à faire des rencontres et à reprendre goût à ce qu'il avait éloignée, la vie.
Et les sublimes paroles d'Harriet avant de mourir (oui, je pleurais...)
"Je veux te dire ce que tu as peut être déjà deviné. Je n'ai jamais aimé un homme comme je t'ai aimé. C'est pour ça, pour retrouver cet amour là, que je suis venue te chercher. Et pour que tu retrouves la fille que je t'avais enlevée. Mais surtout, plus que tout le reste, je voulais mourir près de l'homme que j'avais aimé. C'est vrai aussi que je n'ai jamais haï un homme autant que je t'ai haï. Mais la haine fait mal, et la douleur, j'en eu déjà plus qu'il ne m'en faut. L'amour donne une fraîcheur, un calme, peut-être même une sécurité, qui rend la rencontre avec la mort moins effrayante."  

Ce roman de Mankell est une pure merveille !

lundi 24 septembre 2012

Olivier Adam, Les lisières


Ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre." Ces mots de Verlaine résument avec exactitude la nature du sentiment qui nous attache parfois aux histoires d'un écrivain ; cette certitude, confirmée par la lecture, qu'une oeuvre nous invite, livre après livre, à contempler un motif familier. Encore ? Oui, encore. Hauteur identique d'observation, semblable justesse du propos auquel le style donne sa vérité, mais angle de vue chaque fois différent. Cela pareillement à un peintre. Tel est le sentiment qu'inspirent les romans d'Olivier Adam depuis une décennie. Macha Séry, Le Monde

Que racontent « Les Lisières » ? 
Paul Steiner, écrivain breton neurasthénique, quitté par sa femme, en manque atroce de ses enfants, doit retourner dans sa banlieue d’origine pour veiller sur sa mère qui perd la boule et tenir la maison du père mutique mais agressif. Consterné, Paul revisite ses souvenirs et découvre une photographie lui révélant un secret de famille...

Ce roman est magnifiquement écrit. L’écriture revient sans arrêt sur elle-même, tel ce ressac qui est cher à Paul et sans doute à Olivier Adam... 
Le roman trouve son envol dans le mélange de l’intime et du communautaire, et nous ne pouvons rester indifférents à ces destins défaits. Nous les écoutons en confidence, en lames, voire en larmes de fond. On les prendrait bien dans nos bras ses vieux potes, ses désamours manqués... Je le prendrai bien dans mes bras ce Paul-Olivier... La prouesse réside dans l’alliance du morne, de l’ennui, et l’émergence au fil des pages d’une émotion lancinante, d’un attachement pour ces personnages et assez curieusement pour toi aussi, Paul ou Olivier, je ne sais plus. Les scènes de déchirement familial sont magistrales, et la douleur du narrateur s’agissant d’amours perdues nous roule dans un incessant reflux houleux, dont nous émergeons noyés mais bouleversés.
Le talent d'Olivier Adam, et c’est bien à ceci que nous reconnaissons les grands auteurs, se résume en deux points majeurs : l’écriture déferlante mais endiguée, épouse la forme de ce qui est raconté, et la lecture, longuement ardue, trouve sa récompense sur le dernier tiers du roman. Enfin nous y sommes, enfin nous pleurons. 
Très grand coup de coeur pour ce roman qui m'a profondément bouleversée !


Au fil de ses rencontres avec ses anciennes relations, des lieux qui l'ont forgé, de ce passé qu'il a tenté de tenir à distance, c'est un autoportrait que brosse le héros-narrateur. Celui d'un «être périphérique», né «en bordure du monde», et, pour cette raison, toute sa vie en porte-à-faux, excentré, rejeté, à la fois présent et absent, à l'intérieur et à l'extérieur. Seule l'écriture aura pu le sauver, lui donner une structure et un but, lui permettre d'«habiter le monde». Roman d'une grande ambition, bouleversant par les questions qu'il soulève, Les Lisières est ainsi un livre très singulier, mais aussi éminemment politique. Une vision de l'époque, aiguë et engagée. Michel Abescat - Telerama n° 3267