mercredi 29 juillet 2015

Le royaume, Emmanuel Carrère

Voici un d'un entretien pour le magazine "Les Inrocks" concernant ce roman :
Les Inrocks
- Exigeant à certains égards, le Royaume est aussi un livre très vivant et souvent très drôle. Vous n'hésitez pas à évoquer le clitoris de Marie, à comparer Jean l'Évangéliste à Ben Laden, Paul à un "Terminator juif", etc. Vous ne craignez pas de vous attirer les foudres des catholiques intégristes, un peu trop prompts à se manifester ces derniers temps ?
Emmanuel Carrère
- Honnêtement, je ne pense pas qu'un catholique intégriste lira ce livre. On est trop loin pour qu'il y ait un espace de dialogue avec un intégriste. Mais je pourrai toujours leur répondre, comme Ernest Renan l'a fait face aux critiques très violentes qu'il a essuyées pour Sa Vie de Jésus, par cette phrase que je cite dans le livre : "Quant aux personnes qui ont besoin, dans l'intérêt de leur croyance, que je sois un ignorant, un esprit faux ou un homme de mauvaise foi, je n'ai pas la prétention de modifier leur opinion. Si elle est nécessaire à leur repos, je m'en voudrais de les désabuser."

Sebastian Barry, Du côté de Canaan

"Quel bruit fait le coeur d'une femme de quatre-vingt-neuf ans quand il se brise ? Sans doute guère plus qu'un silence."
C'est la première phrase de ce roman, et je l'ai trouvée si jolie que je me suis immédiatement lancée dans sa lecture.
Cette vieille femme est Lilly, assise à sa table de cuisine en Formica, le cœur réduit en miettes. A 89 ans, elle n'attend plus de réconfort, mais elle doit raconter avant de disparaître : la perte de ses proches et la beauté d'un matin, le racisme, la bêtise des hommes et la solidarité féminine. Son enfance est marquée par le deuil : la mort de sa mère à sa naissance et celle de son frère dans la boucherie de 14-18. Mariée à un homme poursuivi par l'IRA, elle doit fuir avec lui vers l'Amérique. Veuve, elle devient employée de maison et connaît le mépris, mais aussi la fraternité.
De cette accumulation de malheurs, Sebastian Barry aurait pu construire le pire des mélos, mais il parvient à rester lumineux, glissant les rires derrière les larmes, l'humour face au désespoir. Son écriture élégante accompagne Lilly à tous les âges : mélodique lorsqu'elle revoit sa jeunesse, enflammée quand elle est amoureuse, grave dès lors qu'elle traverse l'Amérique puritaine, spirituelle à la fin de sa vie. La construction alternant passé et présent permet également d'éviter la succession lancinante des années, d'évoquer la noirceur des événements et le charme de rencontres inespérées. « On peut être immunisé contre la typhoïde, le tétanos, la variole, la diphtérie, mais jamais contre les souvenirs, écrit Lilly, [...] il n'existe pas de vaccin. »

David Bell, Un lieu secret

"Pendant des années, Janet pensait avoir vu tout ça, pensait s'en souvenir. Le jeune Noir aux cheveux crépus et aux vêtements sales qui portait son frère sur ses épaules. 
La tête blonde de Justin dressée haut dans le ciel, presque aussi haut que le sommet de la balançoire. (...). Qui tombait dans le piège de cet homme. Avant de se faire enlever. Mais elle ne s'en souvient pas vraiment, si ?..." 
Tout ce polar, qui m'a captivée, repose sur le doute, le "ce qui m'a été dit, ce dont je me souviens", et c'est bien difficile quand on n'a que 7 ans lorsque le drame s'est produit... Et que cette Amérique (mais sommes-nous meilleurs ?...), encore bien ancrée dans la culpabilité des Noirs, a trop hâtivement désigné son coupable idéal... 

Paula Hawkins, La fille du train

Et me voilà à mon troisième polar de juillet ! 
Je vais de belles surprises en bonheurs successifs ! Pour oublier ce vilain temps.
"La fille du train" est un premier roman - et oui, encore un talent qui apparaît ! - et quel talent !
Outre son suspense parfaitement mené, les trois figures féminines sont impressionnantes. En particulier Rachel, "la fille du train", terriblement humaine dans sa paranoïa, et si touchante malgré son côté bancal d'écorchée vive... 
Dans son enquête, est-elle fiable dans ce qu'elle rapporte, tant sa mémoire est alcoolisée, sa dépression et sa paranoïa profondes ?...
Et c'est ce doute permanent qui nous fait irrésistiblement tourner les pages. Lecture addictive qui vous rend totalement asociale tant que vous n'êtes pas allé jusqu'à la fin...
Nadette R.

Bruno M, Il est très difficile d'attraper un chat dans une pièce sombre, surtout s'il n'y est pas.


Ah, mais quelle écriture, quel style, quelle élégance, quels personnages !
Digne fils de son père Michel Audiard, Bruno M écrit là un polar "à l'ancienne", jouissif et terriblement captivant...
J'ai jubilé à la lecture de l'intrigue tordue, me suis délectée, parce que tout le roman baigne dans un acide caustique merveilleusement jouissif, dans un humour vache, dans une atmosphère poisseuse dont on croit sortir (très jolies pages sur Carteret) mais, mais...
Faut r'connaître... c'est du brutal, du vicieux, et les gentils sont rares...
Roman à consommer par temps caniculaire ou sous la pluie !... Régal assuré !
Nadette R.

lundi 13 juillet 2015

Arlidge M. J., Am Stram Gram

Le commandant Helen Grace et son équipe doivent arrêter un tueur particulièrement cruel qui se délecte à transformer des innocents en meurtriers. Pour chacun de ses crimes, il organise une mise en scène dans laquelle ses proies, torturées par la peur, la faim et la soif, n’ont d’autre moyen pour s’en sortir que de tuer.
Difficile de garder la tête froide, d’avoir un libre arbitre et de rentrer en résistance dans de pareilles conditions... Séquestrés, déshydratés, morts de faim, ils n'ont qu’une seule issue échappatoire, tuer pour survivre... Vivre ou se sentir coupable à vie, que fait-on ?.... Là réside le point fort du livre, car chaque protagoniste n’a pas la même façon de digérer, d’interpréter les faits et de réagir.
Un sacré bon page-turner à découvrir de toute urgence…

Un premier roman. Un auteur à suivre assurément.
Nadette R.

vendredi 3 juillet 2015

Avec l'été, nouveaux romans et bonheur en perspective !

L'été est là, chaud (!...) et sympathique ! (mais oui, heureusement !).
Pour l'accueillir, l'accompagner, le célébrer, quantité de nouveaux romans vous attendent sur nos rayons ! Quatre-vingt seize ! Mais oui, que du bonheur !
Ils vous attendent fébrilement et seront heureux d'être entre vos mains et sous vos yeux amoureux...
Comme d'habitude, le choix est varié, et chacun devrait y trouver son bonheur !...
N'hésitez surtout pas, lorsque vous êtes "pris d'amour" à nous en faire part pour que le blog s'enrichisse de vos "coups de coeur", comme l'ont déjà fait certains lecteurs que nous remercions encore...