jeudi 22 janvier 2015

Pierre Lemaître, Au-revoir là-haut. Prix Goncourt 2013

Pierre Lemaître
L’immédiat après-guerre, vu par Pierre Lemaitre, n’est pas une partie de plaisir pour les poilus démobilisés. 
Albert écrit à Edouard : «Voilà comment ça finit, une guerre, mon pauvre Eugène, un immense dortoir de types épuisés qu’on n’est même pas foutu de renvoyer chez eux proprement». 
Oui, il l’appelle Eugène, car Edouard, gueule cassée, «gorge à ciel ouvert», a préféré faire le mort et ne pas rentrer chez son père qu’il abomine. Albert ne rentre pas non plus chez sa mère, mais il conserve son matricule. Les deux compères se livrent à un curieux marché, inutile d’en dire plus. Il y a enfin un réel méchant, dans Au revoir là-haut, le capitaine Pradelle. Après un comportement sordide sur le front, il continue tout naturellement dans l’abjection une fois la paix revenue. Il est lié à la part morbide et très noire du roman : la gestion des cadavres, leur exhumation, leur regroupement en de vastes cimetières, un trafic peu ragoûtant où la boue des sépultures prolonge celle des tranchées. 
Bigre, quel roman ! La guerre et l'après-guerre revues (et peut-être un tantinet corrigées !...) par Pierre Lemaître ! Du grand art ! Du grand polar ! Bien que différents de ses autres policiers ("Alex", "Robe de marié", "Cadre noir", "Sacrifice", etc), même construction implacable en trois parties ! 
Je suis fan de ce grand monsieur !
NR

L'oeil du prince, Les brumes de l'apparence, Frédérique Deghelt

2 romans de Frédérique Deghelt ont paru la même année : 
Les brumes de l'apparence et L'oeil du prince.
Pour moi, 2 coups de coeur !

L'oeil du prince



Est-ce que notre milieu nous conditionne ? Est-ce que le malheur est une fatalité ? Est-ce que nos choix sont tous guidés par l'amour ? Est-ce que "désaimer" c'est ne plus aimer du tout ? Est-ce que l'on fait assez attention à ce qui nous entoure ?
Frédérique Deghelt est un de ces auteurs qui donnent envie de partager sa lecture. Qui donne envie de dire à l'auteur(e) combien on a aimé, tel passage, tel enchainement...
Une citation de Georges Perec, au début du chapitre 5, me parait bien donner l'atmosphère du roman.

"Vivre, c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner."



Les brumes de l'apparence

Prise dès le début par cette histoire que vit Gabrielle, un évènement inattendu qui surgit dans sa vie (l’héritage d’un terrain et d’une maison où il se passe de drôles de choses…), un évènement auquel rien ne vous prépare, un évènement qui révèle une part d’ombre restée longtemps enfouie en elle, une trace minuscule qui devient majeure et imposante, à tel point que toute la vie en est chamboulée. 
Soi-même, comment réagit-on face à ce qu’on ne savait pas de soi ? Et les autres, le mari, les enfants, les amis, les proches, les collègues de travail, comment comprennent-ils que nous ne sommes plus les mêmes ? Comment l’acceptent-ils ? Est-ce l’histoire d’une maison hantée ou plutôt celle d’une quête de soi, d’une connaissance de soi ?  Pour moi c'est ainsi que l’histoire que raconte Frédérique Deghelt a fait écho en moi, de façon mystérieuse mais ô combien lumineuse…


NR

mardi 20 janvier 2015

Patrick Modiano, Prix Nobel 2014 de littérature


Patrick Modiano, lauréat du Prix Nobel 2014 de littérature. 

Lors de son discours à Stockholm
A Stockholm, dimanche 7 décembre, Patrick Modiano a brillamment relevé le défi, très compliqué pour ce romancier qui a tant de difficulté à s'exprimer en public : lire son discours de réception ! 
Un grand moment de littérature, dans lequel il s’exprime sur l’écriture, la mémoire et l’oubli. L’essentiel à ses yeux. 

Nous vous proposons le début de son discours.
«Je voudrais vous dire tout simplement combien je suis heureux d'être parmi vous et combien je suis ému de l'honneur que vous m'avez fait en me décernant ce prix Nobel de Littérature. C'est la première fois que je dois prononcer un discours devant une si nombreuse assemblée et j'en éprouve une certaine appréhension. On serait tenté de croire que pour un écrivain, il est naturel et facile de se livrer à cet exercice. Mais un écrivain - ou tout au moins un romancier - a souvent des rapports difficiles avec la parole. Et si l'on se rappelle cette distinction scolaire entre l'écrit et l'oral, un romancier est plus doué pour l'écrit que pour l'oral. Il a l'habitude de se taire et s'il veut se pénétrer d'une atmosphère, il doit se fondre dans la foule. Il écoute les conversations sans en avoir l'air, et s'il intervient dans celles-ci, c'est toujours pour poser quelques questions discrètes afin de mieux comprendre les femmes et les hommes qui l'entourent. Il a une parole hésitante, à cause de son habitude de raturer ses écrits. Bien sûr, après de multiples ratures, son style peut paraître limpide. Mais quand il prend la parole, il n'a plus la ressource de corriger ses hésitations."


vendredi 16 janvier 2015

Marsault contre-enquête, Karim Daoud


Mon coup de coeur.
"L'Etranger" de Camus relu, revu, par Karim Daoud. Devenu homme de chair, d'os et de sang ! 
Ou "l'Arabe" de Camus devient un homme qui a existé, a été aimé, pleuré. 
Ou on voit l'Algérie de maintenant. 
Passionnant. Ecriture éblouissante.
n.r.

2015 ! Nous reprenons notre blog !


Bien qu'ébranlés par les évènements tragiques qui viennent de se dérouler, nous tenons à vous présenter, amis lecteurs, nos voeux les meilleurs, voeux de fraternité, de sérénité, de paix en ce début 2015. Voeux de bonheur, de santé, d'énergie pour rester éveillés dans ce monde troublé.

Par attachement à la liberté d'expression, nous vous signalons que nous nous sommes abonnés à Charlie Hebdo, et que vous pourrez donc venir le lire dans notre médiathèque quand bon vous semblera.

En ce début d'année, nous avons décidé de redémarrer notre blog pour vous informer le plus fidèlement possible sur nos activités, nos différentes acquisitions. 
Les coups de coeur "livres" et CD" vont ainsi reparaître et nous serions heureux de faire paraître les vôtres  pour que nous puissions donner à lire le plus grand nombre de points de vue possibles. 
À nouveau, nous vous invitons  à nous faire part de vos désirs et de vos critiques pour qu'ensemble nous fassions de la médiathèque un endroit vivant où il fait bon venir.

A chacune, chacun de vous, très heureuse année ! Et au réel plaisir de vous voir bientôt !