lundi 21 mars 2016

Hakan Günday, Encore

Un roman violent, dérangeant, délirant, oscillant entre réalité et folie. "Encore" est sorti à Istanbul il y a 2 ans; aujourd'hui, il est encore plus d'actualité  alors que, par dizaines de milliers, les réfugiés fuyant les guerres de Syrie et d'Irak, s'embarquent depuis les côtes turques. 
"Une Turquie jouvencelle boulimique et dépressive, se voyant obèse dans le miroir de l'Orient et décharnée dans celui de l'Occident, ne trouvant pas de vêtements à sa mesure", écrit Hakan Günday, résumant en une phrase lapidaire les affres identitaires de son pays natal à la charnière entre 2 mondes. 
"Daha" (encore), c'est souvent le seul mot de turc que connaissent ces Afghans, Pakistanais ou Syriens épuisés par des semaines d'errance, et qui leur sert à demander aux passeurs, encore un peu d'eau, encore un peu de nourriture. Encore, c'est aussi l'avidité insatiable des trafiquants prêts à tout pour gagner un peu plus d'argent, et considérant tous ces êtres comme des objets plus que comme des personnes. "Si mon père n'avait pas été un assassin, je ne serais pas né" : dès la première ligne, le ton est donné. Gaza, le narrateur, est entré dans le business à 9 ans en aidant son père... Ce fils d'assassin devient un assassin lui-même... Et ce, jusqu'à la folie...


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