samedi 23 juin 2012

Donald Ray Pollock, Le Diable, tout le temps

 "Le Diable, tout le temps" est un roman juste génial, d'une puissance phénoménale et dont chaque mot, chaque phrase vous secoue et vous perturbe. Si on fait le voyage si souvent en lecture, c'est exactement pour cette sensation-là : se retrouver au coeur du livre, au coeur du cauchemar, de l'intrigue et de la création. Avec Pollock, on peut toucher les phrases du doigt et se piquer avec elles comme sur des épines de rose. La sensation est aussi grisante qu'affreuse. On sent chez lui la force inimaginable de la fiction, le souffle (fétide, le plus souvent) de ce qui sort de plus sombre du cerveau humain.

Dans son premier roman, Donald Ray Pollock entraîne le lecteur dans une odyssée très sombre et violente qui le marquera durablement.
Etats-Unis. Roy est prédicateur. Il prêche la foi avec Roy son cousin invalide. Convaincu de pouvoir ressusciter les morts, il tue l'épouse mais... ne parvient pas à la faire revenir à la vie...  Les deux hommes s’enfuient laissant la fillette de Roy. La femme de Willard se meurt d’un cancer. Willard dresse des croix, tue des animaux et oblige son fils Alvin à prier des heures durant pour la guérison de sa mère parmi le sang et la puanteur des cadavres. 
Ajoutez un couple marginal qui s’en prend aux auto-stoppeurs, un pasteur avide de jeunes filles et vous obtenez ce roman hors normes !

Hors normes, car dérangeant, et en même temps impossible de le lâcher ! Donald Ray Pollock nous entraîne dans une Amérique où les hommes sont revenus traumatisés de la guerre du Vietnam jusqu’aux années soixante. Des personnages tourmentés, mystiques, en proie à leurs propres démons. L’argent, le sexe, le meurtre, la puissance et Dieu. 

Car tous ont une foi inébranlable dans la religion hormis Alvin. Lorsque sa mère décède, son père se suicide. Recueilli par sa grand-mère très croyante, il commence à suivre un parcours  presque «normal» mais la violence le gagne. Inéluctablement, l’auteur tisse une toile d’araignée où ses personnages sont pris au piège. 

C'est dur, ça bouscule ! L’écriture se fait  agressive, ne ménageant pas  le lecteur. Toute la noirceur de l’âme humaine. Terrifiant.
Bigre, on ne sort pas indemne de cette lecture !
Vive un autre roman de Pollock !

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