samedi 23 juin 2012

Michael Ferrier, Fukoshima, récit d'un désastre

« Le tremblement de terre est un boxeur : il en a la ruse, la patience, et le punch. »
« Le séisme a suspendu le temps, l’a renversé, amplifiant démesurément le désir de vivre. »
Récit à la fois sobre pour le ton, et d’une précision d’horloger dans le vocabulaire, et la description des lieux et des ressentis, "Fukushima" représente un témoignage précieux du séisme qui secoua le Japon en mars 2011 et de ses terribles conséquences, tout ceci relaté par un homme qui d’une part à vécu les évènements sur le terrain et d’autre part a une parfaite connaissance du pays et de sa culture puisqu’il y vit et travaille depuis une vingtaine d’années. 

Ainsi, tout en évoquant le côté technique ou scientifique des choses, Michaël Ferrier n’en oublie pas pour autant d’instiller à son récit poésie et mythologie, pour lui donner une fluidité, et une hauteur de vue particulièrement intéressante.
L’ouvrage commence par une vision plus technique de ce que représentent les séismes pour la population japonaise : un phénomène hélas bien connu, pour lequel elle est entrainée, et dont les pouvoir publics ont tiré les leçons du passé … hélas, pas toutes ! 
Les autorités avaient tout prévu, sauf…l’imprévisible.
La seconde partie décrit le voyage jusqu’au lieu du drame, puisque l’auteur (et sa compagne) n’ont pas souhaité s’enfuir, mais au contraire aller sur le terrain, et rendre compte de la catastrophe tant sur le plan humain, écologique, sanitaire, logistique, que technologique. 
Il y a beaucoup de dignité dans ce récit, à l’image de celle des Japonais en de telles circonstances.
De retour à Tokyo, Michaël Ferrier, se livre à un plaidoyer anti-nucléaire débarrassé de toutes passions, ou revendications outrancières. 
Avec recul, et cohérence, l’auteur montre la manière dont a été traitée la catastrophe, la manipulation des chiffres, des normes, les silences, et surtout sur l’acceptation progressive des choses, et sur le fait de s’habituer à vivre avec, et surtout  à vivre autrement.
Un récit qui ne laisse pas indifférent. On apprend beaucoup. Récit très bien conduit tant sur le plan littéraire, que dans sa construction.

« Les morts de Fukushima ne sont plus des morts : ce sont des déchets nucléaires. »

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