
Sur la petite ritournelle de Tous les garçons et
les filles, une débutante de 18 ans demandait alors, curieusement grave en pleine euphorie yé-yé : « connaîtrai-je bientôt ce qu'est l'amour ? »... Depuis, elle l'a connu. Découvrant qu'il n'était pas, pour elle, empli de la sérénité rêvée.
C'est donc cela qu'elle nous dit ici, sans jamais s'en plaindre ni le regretter. Et là réside la puissance de son disque, point d'orgue — et, qui sait, point final ? — à cinq décennies d'une parfaite cohérence artistique. Ses dix nouvelles chansons portent le sceau de l'essentiel. Françoise Hardy s'y livre, sans faux-semblants ni concessions, quitte à effrayer de prime abord. Par sa mélancolie, ses accents tragiques, sa langueur et sa lenteur, l'album peut inquiéter, ne laissant entendre à l'auditeur de passage que sa noirceur. Disque solennel donc, plus classique que pop, avec son piano lancinant et ses cascades de cordes... A vrai dire, on aurait parfois aimé des arrangements plus modernes ou un tempo plus vivifiant. Mais dès qu'on y revient, qu'on y prête vraiment attention, L'Amour fou impose son rythme. A en devenir ensorcelant. D'abord, parce que dans ses ombres percent mille lumières vives ou tamisées qui donnent à la complexité du sentiment amoureux un infini relief. Ensuite, parce que si on ose l'écouter en face, ce sont aussi nos propres émois et nos propres échecs qu'on y entendra. (Télérama, 12 novembre 2012)
En 13 chansons, Françoise Hardy fait le bilan de toute une vie et tire sa révérence, une fois encore, en toute élégance...
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